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La 43e Division d'Infanterie dans la grande guerre
5 août 2016

Les Sergents de la classe 12

Plusieurs soldats du 149e Régiment d'infanterie de la classe 12 ont fait plus de 6 années de service militaire au 149e Régiment d’infanterie dont 4 de guerre !

Appelés à faire leur service en 1913 ils poursuivirent lors de la mobilisation et certains réussirent à survivre dans cette unité d'élite ou le nombre de pertes dépasse largement les effectifs du départ.

Voici l’histoire de ces hommes dont 4 sont sergents. Ils ont tous 21 ans ou presque le jour de leur incorporation les 9-10 Octobre 1913 au 149e Régiment d’infanterie. Ils viennent faire leur service militaire de 3 ans. Ce qu’ils ne savent pas c’est que la guerre les obligera à rester le double sous les drapeaux et transformera leurs vies. Leur service se déroule dans les Vosges base du 149e RI.

Deux d’entre arrivent du Doubs. Ils ont des cheveux bruns et des yeux noirs. :

CHARMIER Narcisse est né le 24 novembre 1892 aux Granges Narboz. C’est le plus jeune des cinq. Il passe son enfance et son adolescence dans sa ville natale et est domestique agricole. Narcisse possède des yeux bruns et des cheveux châtains foncés et est plutôt petit avec ses 1,59m.

DEMONTROND Maxime lui, est né le 24 février 1892 aux Pontets dans le Doubs. Il est instituteur et domicilié à La Cluse et Mijoux. Avec des yeux bruns, des cheveux châtains et une taille d’1 m65, Maxime a une cicatrice au-dessus de l’œil gauche.

Les deux autres viennent du Cher. Physiquement, ils sont plus grands avec des yeux bleus et des cheveux plus clairs. La distance est aussi plus importante pour rejoindre leur régiment dans les Vosges. Le changement de région sera plus dépaysant :

MARTINAT Léon est né le 15 février 1892 à Saint-Baudel dans le département du Cher. Il est domestique agricole. Avec des yeux bleus, des cheveux blonds foncés et une taille d’1 m68, Léon a une cicatrice au-dessous de l’œil gauche.

MORAND Marcel est né le 29 mai 1892 à Vierzon ville dans le département du cher. Il réside dans cette ville et est employé de commerce. Marcel mesure 1,65 m a des yeux bleus clairs et des cheveux châtains clairs.

Nous venons de faire connaissance avec eux. Durant son service l’instituteur DEMONTROND Maxime probablement du fait de sa profession est promu caporal le 11 avril 1914.

Lorsque la guerre éclate les unités sont réorganisées avec les mobilisés.

L’instituteur DEMONTROND est nommé sergent fourrier le 1er août 1914.  MARTINAT est intégré le 2 août à la 6e compagnie et MORAND à la Compagnie Hors Rang. Faire partie de la CHR ou être sergent fourrier est plus protecteur car moins en première ligne que les autres soldats.

Le 149e RI reçoit le baptême du feu les 8 et 9 août avec de lourdes pertes. CHARMIER Narcisse est promu caporal le 18 août. Ensuite c’est l’offensive en Alsace. Puis la bataille de Sarrebourg le 21 août où participent les quatre hommes. DEMONTROND Maxime est blessé par balle à la cuisse gauche ce jour-là à Abbreschwiller. Il est évacué et soigné à l'hôpital auxiliaire de Clermont Ferrand du 23 août au 5 septembre 1914.

Pendant ce temps CHARMIER, MORAND et MARTINAT sont embarqués avec le 149e RI aux environs d’Épinal et débarqués au camp de Mailly entre le 5 et 7 septembre.

Ils arrivent pour la première fois en Champagne à Souain où des combats très violents ont lieu du 14 au 19 septembre 1914. DEMONTROND poursuit sa convalescence. MARTINAT Léon et CHARMIER Narcisse le plus jeune des quatre sont promus le même jour 21 septembre Caporal pour l’un et Sergent pour l’autre. CHARMIER Narcisse n’a pas beaucoup de le temps d’apprécier son nouveau grade car il est blessé quelques jours plus tard le 25 septembre 1914 à Souain. Il reçoit un éclat d'obus dans la jambe Gauche.

C’est le deuxième Sergent de notre quatuor à être évacué. Le 149e RI est de nouveau embarqué début octobre et participe à la bataille d’Ypres en Belgique en novembre.

L’instituteur DEMONTROND après un passage au dépôt revient au corps le 5 novembre juste à temps pour participer à la bataille. Sergent fourrier, il se retrouve chef de section durant les violents combats des 14, 15 et 16 novembre 1914. Lors de violents bombardements durant ces trois jours où il perd 18 de ses hommes, l’instituteur est cité pour son sang-froid.

Les positions de figent et le premier hiver arrive pour eux avec le retour de CHARMIER Narcisse et la promotion au grade de sergent toujours à la 6e Compagnie de MARTINAT Léon le 18 Décembre 1914. Ils passeront treize mois en Artois sur les pentes de Notre-Dame-de-Lorette.

A Aix-Noulette, MARTINAT Léon nouveau sergent chargé de la section des grenadiers est blessé une première fois par un éclat d’obus le 4 mars 1915 à la verge sans être évacué.

Le 11 avril 1915 MORAND l’employé de commerce est affecté à la 10e compagnie.

Le 29 mai 1915 avec sa section MARTINAT monte à l'assaut d'une sape. Durant l'attaque MARTINAT est blessé pour la deuxième fois à un orteil gauche par un éclat de grenade. Évacué à l’ambulance du 29 mai au 5 juin 1915, MARTINAT est transféré à l’hôpital n°18 de Guingamp et y reste jusqu’au 16 juin 1915. Le médecin lui donne un congé de convalescence d’un mois et Léon rentre au dépôt du 149e Régiment d’Infanterie le 15 juillet 1915.

Pendant ce temps MORAND Marcel est nommé Caporal le 25 Juin 1915.

Les trois gradés poursuivent le combat toute l’année 1915 jusqu’au 26 Septembre 1915 où CHARMIER est blessé à la tête par éclat d’obus au Bois-en-Hache en Artois. Il reviendra quelques mois plus tard.

Il ne reste plus que DEMONTROND et MORAND au 149e RI sur le front d’Artois.

Pendant trois mois en tant que sergent et pour terminer sa convalescence MARTINAT s’occupe de la formation des nouvelles recrues au dépôt. Puis MARTINAT Léon quitte le dépôt pour être intégré à la 10ème Compagnie le 11 octobre 1915.

Ils sont de nouveau trois en première ligne. Puis bientôt quatre avec le retour de CHARMIER Narcisse guéri de sa blessure à la tête.

Le 149e RI est retiré du front pour réorganisation. Le 12 février 1916 MARTINAT change de compagnie et intègre la 2ème Compagnie de mitrailleuse.

Puis le régiment est envoyé à Verdun pour contrer l'offensive Allemande début mars. Les combat sont violents

MARTINAT Léon est blessé le 8 mars 1916 au mollet par un éclat d’obus. MARTINAT est évacué sur l’hôpital n°44 de Vichy du 10 au 23 mars 1916.

CHARMIER Narcisse fait fonction de chef de section sur le secteur de Vaux. Le 15 Mars 1916 sa section est soumis à un bombardement d’une extrême violence et la moitié de ses hommes sont tués ou blessés. Narcisse s'occupe de donner les soins et d'aider les survivants à tenir la position.

Le 1er avril 1916 MORAND est promu au grade de Sergent toujours à la 10e Compagnie. Le lendemain 2 avril 1916 le chef de section CHARMIER Narcisse est blessé le devant le fort de Vaux, perforation du tympan de l'oreille droite suite à l'explosion d'un obus. Il est évacué pour la deuxième fois de la guerre.

Ce même 2 avril MARTINAT Léon, après une permission d'une semaine suite à son hospitalisation, rentre au dépôt du 149e RI le 2 avril 1916 à la 28e compagnie. Il ne retourne au front qu'en Janvier 1917.

Le 149e RI n'est resté que quatre semaines à Verdun mais suffisamment pour grandement l'éprouver et blessé deux des quatre sergents.

Durant la suite de l'année 1916, en Champagne et dans la Somme il ne reste que MORAND et DEMONTROND au 149e RI.

MARTINAT Léon est envoyé au centre de mitrailleuses de Chaumont le 17 septembre 1916 pour une formation de deux mois. Il rentre au dépôt le 15 Novembre 1916 et part à la 12e compagnie du 149e RI le 21 Janvier 1917. MARTINAT est ensuite versé à la 9e Compagnie le 18 Avril 1917.

CHARMIER Narcisse de nouveau au 149e RI, les quatre sergents participent aux actions du régiment ensembles durant les six premiers mois de 1917.

Le 149e RI est envoyé au Chemin des Dames en mai. MORAND Marcel est commotionné avec rupture du tympan par éclatement d’obus à la ferme de Coty le 7 juin 1917. En fait il a caché sa blessure et est resté avec sa section jusqu'à ce que son commandant de compagnie lui donne l'ordre de se rendre à l'ambulance. C'était le dernier des sergents à ne pas avoir été blessé. Il est évacué et reste à l’ambulance 5/52 jusqu’au 18 juin 1917 date de son transfert à l’hôpital n°47 de Mont Saint Aignan. S’ensuit un changement d’hôpital. MORAND passe deux jours à celui de Rouen et part en train pour Nantes. Il arrive le 14 juillet 1917 à l’hôpital Bel Air n°3 de Nantes. MORAND obtient une permission de convalescence de 15 Jours à sa sortie d’hôpital le 31 juillet 1917 et il rentre au dépôt du 149e RI le 13 août. Après 2 mois au dépôt Marcel rejoint la 10e Compagnie le 19 Octobre 1917 pour participer à l’offensive prévue à La Malmaison. En fait MORAND a demandé à revenir plus tôt en apprenant qu'une offensive se prépare. Cela explique son arrivé le 19 octobre juste 4 jours avant l'assaut.

L'offensive du 23 Octobre 1917 de La Malmaison est victorieuse même si elle entraîne plus de deux cent tués au 149e RI.

Capture

MARTINAT est cité peu après pour avoir participé volontairement durant cette période à des patrouilles dangereuses.

Les sergents alternent donc des périodes loin du front parfois très longues suite à des blessures et des actions violentes où ils sont cités pour leur bravoure et leur allant.

1918 démarre dans les Vosges sur un secteur relativement calme. Puis le 149e RI est mis en disponibilité stratégique dans la forêt de Compiègne. Et le 27 mai 1918 il est appelé pour tenter d'arrêter la ruée Allemande suite à la percée du front au Chemin des Dames.

Les combats durent jusque début Juin. Le 149e RI en sort avec de nombreux tués, blessés et prisonniers. Cependant l'offensive est contenue.

MARTINAT a maintenu sa section sous des feux très violents de mitrailleuses et a infligé de lourdes pertes à l’ennemi. DEMONTROND s'est dépensé sans compter dans les situations les plus difficiles Ils sont cités à cette occasion tous les deux.

Puis le régiment se réorganise et reçoit de nombreux renforts pour se préparer à recevoir la dernière grande offensive Allemande au trou Bricot près de Perthes les Hurlus à côté de Souain. Pour les quatre sergents la boucle est bouclée. Ils reviennent à leurs premiers combats de 1914.

L'assaut Allemand démarre le 15 juillet 1918 avec une préparation d'artillerie formidable. Seulement, le régiment comme la 43e DI se sont préparés en mettant quelques sections en avant pour retarder l'ennemi.

MARTINAT Léon et MORAND Marcel sont fait prisonnier ce 15 juillet 1918 et interné au camp de prisonnier de Langensalza. La guerre est terminée pour eux. Ils sont rapatriés les 9 et 10 janvier 1919.

CHARMIER Narcisse est blessé pour la quatrième fois le 17 Juillet 1918 vers le trou Bricot. Il est évacué sur l'ambulance avec une plaie pénétrante du thorax gauche par éclat d'obus. Il décède dans la journée à l'ambulance.

Quand à DEMONTROND Maxime il termine la guerre en tant que sergent fourrier et participe aux dernières offensives. Il est démobilisé le 23 août 1919.

MARTINAT et MORAND ne retournent pas au 149e RI. Ils sont intégrés au 95e RI pour y être démobilisés les 24 et 28 août 1919.

Ils ont démarré leur service militaire à 21 ans et reviennent à la vie civile à l'âge de 27 ans. Les trois sergents survivants auront donc passé six années sous les drapeaux.

DEMONTROND Maxime l'instituteur aura été blessé une fois au début de la guerre. Nous pensons qu'avoir été sergent-fourrier depuis le début de la guerre lui a permis d'être un peu plus préservé que ses camarades.

DEMONTROND reçoit deux citations.

Il est cité le 5 Octobre 1915 à l'ordre de la 43e DI : « Les 14,15,16 Novembre 1914 a comme chef de section montré les plus grandes qualités de sang froid et de courage en maintenant ses hommes en place par son autorité, malgré une très violente attaque de l'ennemi et sous un bombardement très intense, ayant mis hors de combat 18 hommes. »

Il est cité le 23 Juin 1918 :" très belle conduite au feu. S'est dépensé sans compter dans les situations les plus difficiles, donnant à ses hommes le plus bel exemple de courage et de dévouement."

MARTINAT Léon est sergent dès décembre 1914. Il est blessé trois fois. Cela l'éloigne du front de mai à octobre1915 et de mars 1916 à fin janvier 1917 soit 15 mois sur 48. Il est fait prisonnier le 15 juillet 1918 car faisant partie des unités sacrifiés. Il connaîtra donc 4 mois de détention et 2 mois d'attente de rapatriement avec l'humiliation les souffrances psychologiques et surtout la faim.

MARTINAT reçoit trois citations.

Il est cité à l’ordre de la brigade le 29 mai 1916 : « Sous officier d’une bravoure et d’un dévouement remarquable chargé de la section des grenadiers a été blessé le 29 Mai 1915 en se portant à l’attaque d’une sape à la tête de ses hommes. A toujours fait preuve d’un très grand mépris du danger dans tous les combats auxquels il a pris part. »

Il est cité le 8 novembre 1917 à l’ordre du corps d’Armée : « Sergent d’une grande bravoure volontaire pour les missions périlleuses. A effectué plusieurs patrouilles dangereuses, a assuré d’une manière parfaite dans des conditions particulièrement difficiles la liaison. »

Il est cité à l’ordre du corps d’Armée le 25 juin 1918 : « Sous-officier très courageux et très brave a maintenu sa section sous des feux très violents de mitrailleuses et a infligé de lourdes pertes à l’ennemi. »

 

MORAND Marcel employé de commerce est promu sergent plus tardivement en avril 1916. D'août 1914 à avril 1915 il est intégré à la compagnie hors rang et donc plus protégé. Versé ensuite dans une compagnie de combat il est blessé une fois en 1917 et se distingue par son désir de quitter le dépôt où l'on ne risque rien pour retourner au front avec ses camarades. Il est fait prisonnier comme MARTINAT le 15 juillet 1918. Il connaîtra donc comme lui 4 mois de détention et 2 mois d'attente de rapatriement avec l'humiliation les souffrances psychologiques et surtout la faim.

MORAND reçoit trois citations.

Il est cité à l’ordre de la brigade le 22 novembre 1916 : « Jeune sous-officier très courageux, très tenace, a dans la nuit du 8 Novembre 1916 aidé d’une façon particulièrement active et malgré de violents bombardements au ravitaillement en munitions du Bataillon d’attaque. »

Il est Cité à l’ordre de l’infanterie Divisionnaire du 4 juillet 1917 : « Sous-officier brave. Au front depuis le début de la campagne. Commotionné très fortement pendant un violent bombardement des 1e lignes a caché sa blessure n’a quitté sa section que sur l’ordre de son commandant de compagnie. »

Il est cité à l’ordre de la 6e Armée le 30 novembre 1917 : « Sous-officier d’un courage remarquable incomplètement guéri d’une blessure et sachant que son régiment devait prendre part à des opérations importantes a demandé instamment de quitter le dépôt pour rejoindre la compagnie. S’est conduit au cours de l’attaque d’une façon remarquable montrant l’exemple du plus grand sang froid. »



CHARMIER Narcisse le plus jeune des quatre sergent est tué quelques temps avant la fin de la guerre. Il est blessé quatre fois la dernière lui étant fatale. En 14, en 15 en 16 et en 18. Nous n'avons pas de précisions mais les trois premières blessures ont dû l'éloigner du front quelques semaines ou mois à chaque fois. La blessure si elle n'est pas mortelle permet à celui qui est touché d'avoir un temps de répit. Malheureusement pour lui, la dernière blessure bien plus grave entraîne sa mort.

 Il est cité à l'ordre de la 43e DI :" le 15 Mars 1916 faisant fonction de chef de section a eu la moitié de ses hommes atteints par un bombardement d’une extrême violence, a par son exemple stimulé l'énergie des survivants et s'est prodigué pour donner des soins aux blessés sans se soucier du danger. Blessé grièvement au début de la campagne."



Sources :

Les sites suivants :

Mémoire des hommes.

Historique du 149e Régiment d’infanterie.

CICR première guerre mondiale.

Un régiment spinalien dans la grande guerre

Archives départementales du Doubs et du Cher.

 

 

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Commentaires
La 43e Division d'Infanterie dans la grande guerre
  • Ce blog a pour but de faire revivre les soldats de la grande guerre de 1914 à 1918 au sein de la 43e Division d'infanterie en partant des quelques informations de mon grand père SURIG Frédéric. Les combats, la capture, la vie dans une usine d'armement.
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